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vitude, dans un peuple sujet, la liberté, l’égalité démocratique d’un peuple souverain. En Allemagne, dans le Nord, quelques villes obtenant une indépendance presqu’entière, se gouvernèrent par leurs propres lois. Dans quelques portions de l’Helvétie, le peuple brisa les fers de la féodalité, comme ceux du pouvoir royal. Dans presque tous les grands états, on vit naître des constitutions imparfaites, où l’autorité de lever des subsides, de faire des lois nouvelles, fut partagée, tantôt entre le roi, les nobles, le clergé et le peuple, tantôt entre le roi, les barons et les communes ; où le peuple, sans sortir encore de l’humiliation, étoit du moins à l’abri de l’oppression ; où ce qui compose vraiment les nations, étoit appelé au droit de défendre ses intérêts, et d’être entendu de ceux qui régloient ses destinées. En Angleterre, un acte célèbre, solemnellement juré par le roi et par les grands, garantit les droits des barons, et quelques-uns de ceux des hommes.

D’autres peuples, des provinces, des villes même, obtinrent aussi des chartes semblables, moins célèbres et moins bien