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en secret dans une autre contrée. On le retrouve à toutes les époques, jusqu’au moment où, secondé par l’invention de l’Imprimerie, il fut assez puissant pour délivrer une partie de l’Europe du joug de la cour de Rome.

Déjà il existoit même une classe d’hommes qui, supérieurs à toutes les superstitions, se contentoient de les mépriser en secret, ou se permettoient tout au plus de répandre sur elles, en passant, quelques traits d’un ridicule rendu plus piquant par un voile de respect, dont ils avoient soin de le couvrir. La plaisanterie obtenoit grâce pour ces hardiesses, qui, semées avec précaution dans les ouvrages destinés à l’amusement des grands ou des lettrés, mais ignorés du peuple, ne réveilloient pas la haine des persécuteurs.

Frédéric II fut soupçonné d’être ce que nos prêtres du dix-huitième siècle ont depuis appelé un Philosophe. Le pape l’accusa, devant toutes les nations, d’avoir traité de fables politiques les religions de Moïse, de Jésus et de Mahomet. On attribuoit à son