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avoir reçues du ciel ; mais il gagne des batailles. La prière et les plaisirs de l’amour partagent ses momens. Après avoir joui vingt ans d’un pouvoir sans bornes, dont il n’existe point d’autre exemple, il déclare que, s’il a commis une injustice, il est prêt à la réparer. Tout se taît : une seule femme ose réclamer une petite somme de monnoie. Il meurt ; et l’enthousiasme qu’il a communiqué à son peuple va changer la face des trois parties du monde.

Les mœurs des Arabes avoient de l’élévation et de la douceur ; ils aimoient et cultivoient la poésie : et lorsqu’ils régnèrent sur les plus belles contrées de l’Asie, lorsque le temps eut calmé la fièvre du fanatisme religieux, le goût des lettres et des sciences vint se mêler à leur zèle pour la propagation de la foi, et tempérer leur ardeur pour les conquêtes.

Ils étudièrent Aristote, dont ils traduisirent les ouvrages. Ils cultivèrent l’astronomie, l’optique, toutes les parties de la médecine, et enrichirent ces sciences de quelques vérités nouvelles. On leur doit