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tions de cette anarchie féodale ; nom qui sert à la caractériser.

La législation y fut incohérente et barbare. Si l’on y trouve souvent des lois douces, cette humanité apparente n’étoit qu’une dangereuse impunité. On y observe cependant quelques institutions précieuses, qui ne consacrant à la vérité que les droits des classes opprimantes, étoient un outrage de plus à ceux des hommes, mais du moins en conservoient quelque foible idée, et devoient un jour servir de guide pour les reconnoître et les rétablir.

Cette législation présentoit deux usages singuliers, qui caractérisent et l’enfance des nations et l’ignorance des siècles grossiers. Un coupable pouvoit se racheter de la peine pour une somme d’argent fixée par la loi, qui apprécioit la vie des hommes suivant leur dignité ou leur naissance. Les crimes n’étoient pas regardés comme une atteinte à la sûreté, aux droits des citoyens, que la crainte du supplice devoit prévenir, mais comme un outrage fait à un individu, que lui-même ou sa famille avoient droit de