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velle tyrannie ; ses pontifes subjuguant l’ignorante crédulité par des actes grossièrement forgés ; mêlant la religion à toutes les transactions de la vie civile, pour s’en jouer au gré de leur avarice ou de leur orgueil ; punissant d’un anathême terrible, par l’horreur dont il frappoit l’esprit des peuples, la moindre opposition à leurs lois, la moindre résistance à leurs prétentions insensées ; ayant dans tous les états une armée de moines, toujours prêts à exalter par leurs impostures les terreurs superstitieuses, afin de soulever plus puissamment le fanatisme ; privant les nations de leur culte et des cérémonies sur lesquelles s’appuyoient leurs espérances religieuses, pour les exciter à la guerre civile ; troublant tout pour tout dominer ; ordonnant au nom de Dieu la trahison et le parjure, l’assassinat et le parricide ; faisant tour-à-tour, des rois et des guerriers les instrumens et les victimes de leurs vengeances ; disposant de la force, mais ne la possédant jamais ; terribles à leurs ennemis, mais tremblans devant leurs propres défenseurs ; tout-puissans aux extrémités de l’Europe, mais impunément outragés au pied même de leurs autels ; ayant bien trouvé