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nions, connue sous le nom d’érudition, format une partie importante des travaux de l’esprit ; et la bibliothèque d’Alexandrie se peupla de grammairiens et de critiques.

On observe, dans ce qui nous reste d’eux, un penchant à mesurer leur admiration ou leur confiance, sur l’ancienneté d’un livre, sur la difficulté de l’entendre ou de le trouver ; une disposition à juger les opinions, non en elles-mêmes, mais sur le nom de leurs auteurs ; à croire d’après l’autorité, plutôt que d’après la raison ; enfin l’idée si fausse et si funeste de la décadence du genre humain, et de la supériorité des temps antiques. L’importance que les hommes attachent à ce qui fait l’objet de leurs occupations, à ce qui leur a coûté des efforts, est à la fois l’explication et l’excuse de ces erreurs, que les érudits de tous les pays et de tous les temps ont plus ou moins partagées.

On peut reprocher aux érudits grecs et romains, et même à leurs savans et à leurs philosophes, d’avoir manqué absolument de