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l’on ne doit pas s’étonner que le christianisme, qui dans la suite n’a point été assez puissant pour les empêcher de reparoître avec éclat, après l’invention de l’imprimerie, l’ait été alors assez pour en consommer la ruine.

Si l’on en excepte l’art dramatique, qui ne fleurit que dans Athènes, et qui dut tomber avec elle et l’éloquence, qui ne respire que dans un air libre, la langue et la littérature des Grecs conservèrent long-temps leur splendeur. Lucien et Plutarque n’auroient point déparé le siècle d’Alexandre. Rome, il est vrai, s’éleva au niveau de la Grèce, dans la poésie, dans l’éloquence, dans l’histoire, dans l’art de traiter avec dignité, avec élégance, avec agrément, les sujets arides de la philosophie et des sciences. La Grèce même n’a point de poète, qui donne autant, que Virgile, l’idée de la perfection : elle n’a aucun historien qui puisse s’égaler à Tacite. Mais ce moment d’éclat fut suivi d’une prompte décadence. Dès le temps de Lucien, Rome n’avoit plus que des écrivains presque barbares. Chrysostôme parle encore la langue de Démosthène. On