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dépendant de la fortune, toujours maître de lui-même, il est également inaccessible au vice et au malheur.

Un esprit unique anime le monde : il est présent par-tout, si même il n’est pas tout, s’il existe autre chose que lui. Les ames humaines en sont des émanations. Celle du sage, qui n’a point souillé la pureté de son origine, se réunit, au moment de la mort, à cet esprit universel. La mort seroit donc un bien, si, pour le sage soumis à la nature, endurci contre tout ce que les hommes vulgaires appellent des maux, il n’y avoit pas plus de grandeur à la regarder comme une chose indifférente.

Épicure place le bonheur dans la jouissance du plaisir et dans l’absence de la douleur. La vertu consiste à suivre les penchans naturels, mais en sachant les épurer, et les diriger. La tempérance, qui prévient la douleur, qui, en conservant nos facultés naturelles dans toute leur force, nous assure toutes les jouissances que sa nature nous a préparées ; le soin de se préserver des passions haineuses ou violentes, qui tour-