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VIE DE VOLTAIRE.


père, si on pouvait prouver qu’elle eût passé la nuit de ses noces hors de la maison paternelle.

Ce peuple souffrait, sans oser se plaindre, et voyait, avec une douleur muette, passer aux mains des moines, ses épargnes, qui auraient dû fournir à l’industrie et à la culture des capitaux utiles. Heureusement la construction d’une grande route ouvrit une communication entre eux et les cantons voisins. Ils apprirent qu’au pied du Mont-Jura existait un homme dont la voix intrépide avait plus d’une fois fait retentir les plaintes de l’opprimé jusque dans le palais des rois, et dont le nom seul faisait pâlir la tvrannie sacerdotale. Ils lui peignirent leurs maux, et ils eurent un appui.

La France, l’Europe entière connurent les usurpations et la dureté de ces prêtres hypocrites qui osaient se dire les disciples d’un Dieu humilié, et voulaient conserver des esclaves. Mais après plusieurs années de sollicitations, on ne put obtenir du timide successeur de M. de Maupeou, un arrêt du conseil qui proscrivît cette lâche violation des droits de l’humanité ; il n’osa, par ménagement pour le parlement de Besançon, soustraire à son jugement une cause qui ne pouvait être regardée comme un procès ordinaire, sans reconnaître honteusement la légitimité de la servitude. Les serfs de Saint-Claude furent renvoyés devant un tribunal dont les membres, seigneurs de terres où la servitude est établie, se firent un plaisir barbare de resserrer leurs fers ; et ces fers subsistent encore.

Ils ont seulement obtenu, en 1778, de pouvoir,