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le monde, parce que ce sont souvent ceux dont l’acception est le moins déterminée. Je dis donc qu’on n’est point riche absolument ; mais on l’est relativement à son état ; et, dans son état, on l’est relativement au pays et au siècle où l’on vit. Si Crassus revenoit aujourd’hui avec les idées qu’il avoit de ce qu’il nommoit richesses, il trouveroit bien peu d’hommes riches parmi nous.

Des hommes, qui ne gagneroient au jour le jour que l’absolu nécessaire, subsisteroient péniblement, et ne seroient pas riches, même relativement à leur état. Ils seroient toujours dans une situation forcée et précaire.

Pour être riche relativement à son état, il faut non seulement pouvoir économiser sur sa consommation, il faut encore n’être pas forcé à de plus grandes économies que ses égaux. Il faut qu’en travaillant autant et aussi bien,on puisse se procurer les mêmes jouissances.