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les procurer à leur famille, pour élever leurs enfans ; et parce qu’ils auroient bien peu de prévoyance s’ils se contentoient de gagner de quoi vivre au jour le jour, ils calculeront encore ce qu’il leur faut pour faire face aux accidens, et pour améliorer, s’il est possible, leur état. Ils tâcheront de faire entrer tous ces profits dans leur salaire : ceux qui voudront acheter tâcheront de rabattre sur tous ces profits ; et ils rabattront avec d’autant plus de facilité, que les marchands, en plus grand nombre, seront plus pressés de vendre. Le salaire sera donc réglé, d’un côté par la concurrence des vendeurs, et par celle des acheteurs de l’autre.

Le salaire de l’artisan se réglera de la même manière. Supposons qu’il n’y ait dans la peuplade que six tailleurs, et qu’ils ne puissent pas suffire à la quantité d’habits qu’on leur demande, ils fixeront eux-mêmes leur salaire, ou le prix de leur travail, et ce prix sera haut.