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L’erreur où l’on tombe à ce sujet vient sur-tout de ce qu’on parle des choses qui sont dans le commerce, comme si elles avoient une valeur absolue, et qu’on juge en conséquence qu’il est de la justice que ceux qui font des échanges se donnent mutuellement valeur égale pour valeur égale. Bien loin de remarquer que deux contractans se donnent l’un à l’autre moins pour plus, on pense, sans trop y réfléchir, que cela ne peut pas être ; et il semble que, pour que l’un donnât toujours moins, il faudroit que l’autre fût assez dupe pour donner toujours plus ; ce qu’on ne peut pas supposer.

Ce ne sont pas les choses nécessaires à notre consommation que nous sommes censés mettre en vente : c’est notre surabondant, comme je l’ai remarqué plusieurs fois. Nous voulons livrer une chose qui nous est inutile, pour nous en procurer une qui nous est nécessaire : nous voulons donner moins pour plus.