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pas d’en faire des plus longs ; et quand elle l’auroit permis, l’agriculture en eût retiré peu d’avantages. Que pouvoit-on attendre des fermiers ? Ils ne gagnoient en général que de quoi subsister misérablement. Peu assurés de leurs avances, ils étoient souvent réduits pour payer les impositions, à vendre leurs bestiaux, ou même jusqu’à leurs charrues. Pauvres, ils affectoient de le paroître encore plus ; parce que les taxes, qui étoient personnelles et arbitraires, croissoient aussi-tôt qu’un laboureur laissoit appercevoir de l’aisance. Dans cet état des choses, les champs tomboient en friche : on ne cultivoit, qu’autant qu’on y étoit forcé par la nécessité ; et la plupart des fermes n’étoient point en valeur. On juge d’après cet exposé, que dans la monarchie troyenne, il falloit du temps pour se procurer tous les avantages qu’on doit attendre de la liberté du commerce des grains.