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voulut être militaire et conquérante. Elle se mêla dans les querelles des princes de l’Inde : elle eut des soldats, des forts : elle acquit des possessions ; et ses employés se crurent des souverains. Il est donc aisé de comprendre, comment sa régie absorboit au-delà des produits du commerce. Cependant cette compagnie s’obstinoit à vouloir conserver son privilège ; et elle se fondoit sur ce que ce commerce, selon elle, étoit impossible aux négociants particuliers. Mais elle parloit d’après les intérêts de ses employés qui seuls s’enrichissoient. En effet son expérience prouvoit qu’elle ne pouvoit plus elle-même faire ce commerce. Quel risque y avoit-il donc à le rendre libre ? Le pis aller est que tout le monde y eût renoncé. Mais on l’auroit fait, puisqu’on le faisoit avant elle. Le commerce de l’Inde excita l’avidité des nations marchandes. La mer Rouge l’ouvroit