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une république, telle que Lacédémone ; et je conviens que, dans une monarchie, les hommes ne sont pas des spartiates. Que faut-il donc, demandera-t-on ? Il faut que tout citoyen puisse vivre de son travail ; et je dis que par-tout où il y a des mendiants, le gouvernement est vicieux. Je sais bien qu’on suppose que tout le monde peut vivre de son travail : car le riche, qui ne fait rien, dit au malheureux qui manque de pain, vas travailler. ainsi le luxe qui multiplie les mendiants, rend les ames inhumaines, et il n’y a plus de ressources pour l’indigent. Mais voyons si tout citoyen peut trouver du travail.

On remarque avec raison que le luxe des grandes villes fait vivre beaucoup d’artisans, et on dit en conséquence que le luxe est un bien. Mais combien d’hommes, qui auroient été utiles dans les campagnes, et qui, séduits par les profits que quelques-uns