Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/535

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’impôts, les manœuvres des compagnies exclusives, les papiers publics, les banques, l’agiotage, le monopole des grains, étoient les routes qui s’ouvroient à la fortune, et dans lesquelles on se précipitoit en foule. De-là sortoient coup sur coup des hommes nouveaux, qui, enrichis des dépouilles du peuple, faisoient un contraste frappant avec les mendiants qui se multiplioient d’un jour à l’autre. Les grands avoient donné l’exemple du luxe : mais leur luxe avoit au moins des bornes dans leurs facultés. Celui des nouveaux riches n’en avoit point, parce qu’ils pouvoient dépenser avec d’autant plus de profusion, qu’ils s’enrichissoient avec plus de facilité. Faits tout à la fois pour être imités et pour ne pouvoir l’être, ils sembloient préparer la ruine des citoyens de tout état.

En effet, comme on ne pouvoit se faire remarquer que par la dépense,