Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/491

Cette page n’a pas encore été corrigée

parce qu’il ne faut pas s’exposer à manquer. Mais on ne doit jamais défendre l’importation, qui peut suppléer à ce qui manque dans une année de disette. En conséquence, on défendit l’exportation, et on permit l’importation.

Mais dès qu’il ne fut plus permis d’exporter, le cultivateur vendit en moindre quantité et à plus bas prix. Moins riche, il fut moins en état de cultiver, et il cultiva moins. La récolte fut donc, d’année en année, toujours moins abondante ; et l’exportation, qu’on avoit défendue pour ne pas s’exposer à manquer, produisit un effet contraire : on manqua. Pour surcroît de malheur, l’importation ne suppléa à rien. Il faut remarquer que lorsque je dis que l’exportation étoit défendue, c’est qu’on avoit mis de forts droits sur la sortie des grains ; et lorsque je dis que l’importation étoit permise, c’est qu’on n’avoit mis aucun droit sur l’entrée.