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plus sur quoi compter. Les personnes prudentes qui ne vouloient pas jouer leur argent au hasard de le perdre, le resserroient. Elles attendoient le moment d’en faire usage avec moins de risques, et le commerce en souffroit.

D’autres, moins sages, voyant que dans le commencement des diminutions, on faisoit vingt livres avec quatre écus, et qu’à la fin il en faudroit cinq pour faire une somme pareille, se hâtèrent de mettre leur argent sur la place. Par la même raison, ceux qui devoient, se hâtèrent de payer leurs dettes. On trouvoit donc beaucoup de facilité à emprunter. Cette facilité trompa des marchands imprudents, qui crurent devoir saisir cette occasion pour former quelques nouvelles entreprises. Ils prirent l’argent qu’on leur offroit, et ils achetèrent, mais chérement, soit parce que la concurrence de leurs demandes haussoit les prix, soit parce qu’ils payoient avec une monnoie qui,