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pièces qu’on nommoit sous, et qui en étoient chacune la vingtième partie. Ainsi vingt sous faisoient une livre pesant.

Or nos quatre monarques altérerent la monnoie par degrés. Ils vendirent, comme vingtième partie de douze onces d’argent, des sous qui n’en étoient que la vingt-cinquième, la trentième, la cinquantième ; et ils finirent par en fabriquer qui n’étoient pas la centième partie d’une once. Cependant le public, qui avoit d’abord jugé que vingt sous font une livre, continuoit par habitude de juger que vingt sous font une livre, sans trop se rendre compte de ce qu’il entendoit par sous et par livres. On eût dit que son langage lui cachoit les fraudes qu’on lui faisoit, et conspiroit avec le souverain pour le tromper. C’est un exemple des plus frappans de l’abus des mots. Quand il fut reconnu qu’on n’attachoit plus d’idée précise aux dénominations livre et sou, les monarques