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même qui aura fait des conquêtes. Car je regarde, comme perdues, les provinces où la population et la culture auront été ruinées ou considérablement détériorées. En effet, un empire, qui se dépeupleroit et qui tomberoit en friches, n’en seroit pas plus grand pour avoir reculé ses bornes.

Mais cet équilibre, parviendra-t-on à l’établir ? Jamais : on ne fera que de fausses démarches, et l’inquiétude paroîtra l’unique cause motrice des puissances : elles se livreront avec confiance aux projets les plus ruineux, pour les exécuter d’une manière plus ruineuse encore.

Or, dans ce désordre, les terres seront-elles aussi riches en productions, que lorsqu’elles étoient partagées entre une multitude de cités paisibles ? Elles le seront d’autant moins, que la guerre ôtant toute liberté au commerce, le surabondant cessera de passer réciproquement d’une nation chez l’autre. Il ne se consommera