Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/410

Cette page n’a pas encore été corrigée

Si une province croyoit s’enrichir, en s’occupant des moyens d’attirer et de retenir chez elle l’or et l’argent de toutes les autres, ce seroit de sa part une erreur aussi funeste que grossière. Tout renchériroit bientôt pour elle : elle se dépeupleroit : elle seroit tôt ou tard forcée de répandre au dehors son or et son argent ; et elle ne sçauroit plus comment le faire revenir, parce que, dans le renchérissement de toutes choses, elle auroit perdu ses manufactures, et qu’il lui faudroit bien du temps pour les rétablir.

Il faut donc que l’or et l’argent entre et sorte librement. C’est alors que les richesses se balanceront entre toutes les provinces : toutes seront dans l’abondance par échange de leur travail. Il est vrai que, lorsqu’une province est plus riche en métal, elle paroît avoir un avantage sur les autres. Comme le prix des productions de la terre et celui du travail sont évalués en argent,