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En effet, si, pour faire de nouveaux progrès, ils mettent trop de recherches dans les choses d’usage ; s’ils nous font un besoin d’une multitude de choses qui ne servent qu’à la magnificence ; s’ils nous en font un autre d’une multitude de frivolités, c’est alors que les citoyens, bien loin de contribuer par leurs travaux à élever et à consolider l’édifice de la société, paroissent au contraire le saper par les fondemens. Le luxe, dont nous allons traiter, enlevera les artisans aux arts les plus utiles : il enlevera le laboureur à la charrue : il fera hausser le prix des choses les plus nécessaires à la vie ; et, pour un petit nombre de citoyens qui vivront dans l’opulence, la multitude tombera dans la misère.

Un peuple ne sortira point de la simplicité lorsqu’au lieu de marcher pieds nus, il aura des chaussures commodes ; lorsqu’aux vases de bois, de pierre, de terre, il préférera des vases plus solides,