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pour loger une famille, et renfermer toutes les choses dont elle a besoin, est-il absolument nécessaire d’y trouver toutes les commodités dont un peuple amolli s’est fait autant d’habitudes ?

Entre une vie grossière et une vie molle, je voudrois distinguer une vie simple, et en déterminer l’idée, s’il est possible, avec quelque précision.

Je me représente une vie grossière dans le premier état où a été notre peuplade : je me représente une vie molle dans ces temps où les excès en tous genres ont corrompu les mœurs. Ces extrêmes sont faciles à saisir. C’est entre l’un et l’autre que nous devons trouver la vie simple. Mais où commence-t-elle et où finit-elle ? Voilà ce qu’on ne peut montrer qu’à-peu-près.

Nous passons de la vie grossière à la vie simple, et de la vie simple à la vie molle par une suite de ces choses que l’habitude nous rend nécessaires, et que,