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en elle-même, qui doit faire juger de la prospérité d’un État : c’est la plus grande population qui, étant considérée par rapport aux besoins de toutes les classes de citoyens, se concilie avec l’abondance à laquelle ils ont tous droit de prétendre. Deux royaumes pourroient être peuplés inégalement, quoique le gouvernement fût également bon ou également mauvais dans l’un et dans l’autre.

La Chine, par exemple, renferme un peuple immense. C’est que l’unique nourriture de la multitude est le riz, dont on fait, chaque année, dans plusieurs provinces, trois moissons abondantes : car la terre ne s’y repose point, et produit souvent cent pour un. Cette multitude, qui a peu de besoins, est presque nue, ou est vêtue de coton, c’est-à-dire, d’une production si abondante, qu’un arpent peut fournir de quoi habiller trois à quatre cents personnes.