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détruite, ou réduite à un état misérable. Tous les citoyens sont donc encore dans la dépendance des artisans.

Notre peuplade n’avoit pas besoin de marchands lorsque les colons, seuls propriétaires des terres, habitoient les champs qu’ils cultivoient. Alors chacun pouvoit, par des échanges avec ses voisins, se procurer les choses dont il manquoit. Tantôt on achetoit une denrée qu’on n’avoit pas avec le surabondant d’une autre : tantôt, avec ce même surabondant, on payoit à un artisan la matière première qu’il avoit travaillée. Ces échanges se faisoient sans monnoie, et on ne songeoit pas encore aux moyens d’apprécier exactement la valeur des choses.

Mais à mesure que les propriétaires s’établissent dans les villes, il leur est d’autant plus difficile de se procurer toutes les choses dont ils manquent, qu’ils font alors de plus grandes consommations. Il