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Cependant tout vendeur dans un genre est acheteur dans un autre. S’il lui importe d’être sans concurrens, il lui importe que les vendeurs dont il achète en aient beaucoup, et il n’importe pas moins à ceux-ci qu’il ne soit pas seul.

De ces intérêts contraires, il en résulte que l’intérêt de tous n’est pas de vendre au plus haut prix et d’acheter au plus bas, mais de vendre et d’acheter au vrai prix. Ce vrai prix est donc le seul qui concilie les intérêts de tous les membres de la société. Or il ne pourra s’établir que lorsqu’il y aura, dans chaque branche de commerce, le plus grand nombre possible de marchands.

Il n’y a, comme nous l’avons remarqué, que les grands artistes, uniques en leur genre, qui puissent, sans injustice, faire le monopole. Ils ont, par leurs talens, le privilége de vendre seuls.