Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

le livre, j’abandonne donc une chose qui m’est inutile pour une chose qui m’est nécessaire, et je donne moins pour plus. Mais nous nous trouvons dans des positions bien différentes : car, dans le produit de vos terres, il n’y a d’inutiles pour vous que les denrées surabondantes à votre consommation ; au lieu que, dans le produit de mes rentes, si je ne trouve pas à l’échanger, tout est inutile pour moi, puisque il n’y a rien pour ma consommation.

L’argent, inutile par lui-même, parce qu’avec l’argent seul on ne sauroit subsister, ne devient donc utile que parce qu’ayant été choisi pour mesure commune de toutes les valeurs, il est reçu pour prix des choses qu’on achète.

Or la quantité d’argent qu’il me faut pour me fournir de toutes les choses nécessaires à ma subsistance est pour moi ce que sont pour vous les denrées