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Transportons-nous au temps où les colons, faute de marchands, échangeoient entre eux le surabondant de leurs denrées, et observons-en deux ; l’un qui a un surabondant de blé, et à qui il manque une certaine quantité de vin ; l’autre qui a un surabondant de vin, et à qui il manque une certaine quantité de blé. Pour simplifier, je suppose qu’ils sont d’ailleurs pourvus, l’un et l’autre, de tout ce qui leur est nécessaire.

Dans cette supposition, il est évident que celui qui a du blé à livrer ne regardera de près, ni à la grandeur des sacs, ni au nombre. Comme ce blé, s’il lui restoit, n’auroit point de valeur pour lui, il le croit bien payé lorsqu’il se procure, par un échange, tout le vin dont il a besoin.

Celui qui a un surabondant de vin raisonne de la même manière. Ils échangent donc sans mesurer : en effet, il leur suffit de juger à l’œil, l’un de la quantité de vin