Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sur quoi il faut remarquer que la même opération, que j’appelle mémoire par rapport aux perceptions dont elle ne retrace que les signes ou les circonstances, est imagination par rapport aux signes ou aux circonstances qu’elle réveille ; puisque ces signes & ces circonstances sont des perceptions. Quant à la contemplation, elle participe de l’imagination ou de la mémoire, selon qu’elle conserve les perceptions mêmes d’un objet absent auquel on continue à penser, ou qu’elle n’en conserve que le nom & les circonstances où on l’a vu. Elle ne diffère de l’une & de l’autre, que parce qu’elle ne suppose point d’intervalle entre la présence d’un objet & l’attention qu’on lui donne encore, quand il est absent. Ces différences paroîtront peut-être bien légères ; mais elles sont absolument nécessaires. Il en est ici comme dans les nombres, où une fraction négligée, parce qu’elle paroît de peu de conséquence, entraîne infailliblement dans de faux calculs. Il est bien à craindre que ceux qui traitent cette