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§. 18. Cependant il ne dépend pas de nous de réveiller toujours les perceptions que nous avons éprouvées. Il y a des occasions où tous nos efforts se bornent à en rappeller le nom, quelques-unes des circonstances qui les ont accompagnées, & une idée abstraite de perception : idée que nous pouvons former à chaque instant, parce que nous ne pensons jamais sans avoir conscience de quelque perception qu’il ne tient qu’à nous de généraliser. Qu’on songe, par exemple, à une fleur dont l’odeur est peu familière : on s’en rappellera le nom : on se souviendra des circonstances où on l’a vue ; on s’en représentera le parfum sous l’idée générale d’une perception qui affecte l’odorat : mais on ne réveillera pas la perception même. Or j’appelle mémoire l’opération qui produit cet effet.

§. 19. il naît encore une opération de la liaison que l’attention met entre nos idées : c’est la contemplation. Elle consiste à conserver sans interruption la perception, le nom ou