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chose, c’est avoir plus conscience des perceptions qu’elle fait naître que de celles que d’autres produisent, en agissant, comme elle, sur nos sens ; & l’attention a été d’autant plus grande, qu’on se souvient moins de ces dernières.

§. 6. Je distingue donc de deux sortes de perceptions, parmi celles dont nous avons conscience : les unes, dont nous nous souvenons, au moins le moment suivant ; les autres, que nous oublions aussitôt que nous les avons eues. Cette distinction est fondée sur l’expérience que je viens d’apporter. Quelqu’un qui s’est livré à l’illusion se souviendra fort bien de l’impression qu’a fait sur lui une scène vive & touchante ; mais il ne se souviendra pas toujours de celle qu’il recevoit en même temps du reste du spectacle.

§. 7. On pourroit ici prendre deux sentimens différens du mien. Le premier seroit de dire que l’ame n’a point éprouvé, comme je le suppose, les perceptions que je lui fais oublier si promptement ; ce qu’on essayeroit