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ont dû admettre dans l’ame des perceptions dont elle ne prend jamais connoissance[1] ; & d’autres ont dû trouver cette opinion tout-à-fait inintelligible[2]. Je tâcherai de résoudre cette question dans les paragraphes suivans. Il suffit dans celui-ci de remarquer que, de l’aveu de tout le monde, il y a dans l’ame des perceptions qui n’y sont pas à son insçu. Or ce sentiment qui lui en donne la connoissance, & qui l’avertit du moins d’une partie de ce qui se passe en elle, je l’appellerai conscience. Si, comme le veut Locke, l’ame n’a point de perception dont elle ne prenne connoissance ; ensorte qu’il y ait contradiction qu’une perception ne soit pas connue : la perception & la conscience ne doivent être prises que pour une seule & même opération. Si, au contraire, le sentiment opposé étoit le véritable, elles seroient deux opérations

  1. Les cartésiens, les mallebranchistes & les léibnitiens.
  2. Locke & ses sectateurs.