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la nature ce mêlange admirable de lumière & de couleur. C’est un trésor qui est renfermé dans les nouvelles sensations qu’il éprouve ; la réflexion peut seul le lui découvrir, & lui en donner la vraie jouissance. Lorsque nous fixons nous-mêmes les yeux sur un tableau fort composé, & que nous le voyons tout entier, nous ne nous en formons encore aucune idée déterminée. Pour le voir comme il faut, nous sommes obligés d’en considérer toutes les parties les unes après les autres. Quel tableau que l’univers à des yeux qui s’ouvrent à la lumière pour la première fois !

Je passe au moment où cet homme est en état de réfléchir sur ce qui lui frappe la vûe. Certainement tout n’est pas devant lui comme un point. Il apperçoit donc une étendue en longueur, largeur & profondeur. Qu’il analyse cette étendue, il se fera les idées de surface, de lignes, de point & de toutes sortes de figures : idées qui seront semblables à celles qu’il a acquises par le toucher, car