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se fait dans l’ame en conséquence, ne nous donne que la perception de ce cercle ; que si nous voyons le globe d’une figure convexe, c’est parce qu’ayant acquis par l’expérience du toucher l’idée de cette figure, & que sachant quelle sorte d’image elle produit en nous par la vûe ; nous nous sommes accoutumés, contre le rapport de cette image, à la juger convexe : jugement qui, pour me servir de l’expression que Locke employe peu après, change l’idée de la sensation, & nous la représente autre qu’elle n’est en elle-même.

§. 3. Parmi ces suppositions, Locke avance sans preuve que la sensation de l’ame ne représente rien de plus que l’image que nous savons se tracer dans l’oeil. Pour moi, quand je regarde un globe, je vois autre chose qu’un cercle plat : expérience à laquelle il me paroît tout naturel de m’en rapporter. Il y a d’ailleurs bien des raisons pour rejetter les jugemens ausquels ce philosophe a recours. D’abord il suppose que nous