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sans mémoire, par conséquent, son imagination ne sera point à son pouvoir : d’où il résulte qu’il sera entiérement incapable de réflexion.

§. 21. Son imagination aura cependant un avantage sur la nôtre ; c’est qu’elle lui retracera les choses d’une maniere bien plus vive. Il nous est si commode de nous rappeller nos idées avec le secours de la mémoire, que notre imagination est rarement exercée. Chez lui, au contraire, cette opération tenant lieu de toutes les autres, l’exercice en sera aussi fréquent que ses besoins, & elle réveillera les perceptions avec plus de force. Cela peut se confirmer par l’exemple des aveugles qui ont communément le tact plus fin que nous ; car on en peut apporter la même raison.

§. 22. Mais cet homme ne disposera jamais lui-même des opérations de son ame. Pour le comprendre, voyons dans quelles circonstances elles pourront avoir quelque exercice.