Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

réveiller tout à la fois, mais que j’ai vu coexister dans un même sujet, & que je me rappellerai les unes après les autres quand je le souhaiterai.

Nous ne pouvons donc réfléchir sur les substances, qu’autant que nous avons des signes qui déterminent le nombre & la variété des propriétés que nous y avons remarquées, & que nous voulons réunir dans des idées complexes, comme elles le sont hors de nous dans des sujets. Qu’on oublie, pour un moment, tous ces signes, & qu’on essaye d’en rappeller les idées ; on verra que les mots, ou d’autres signes équivalens, sont d’une si grande nécessité qu’ils tiennent, pour ainsi dire, dans notre esprit, la place que les sujets occupent au dehors. Comme les qualités des choses ne coexisteroient pas hors de nous, sans des sujets où elles se réunissent ; leurs idées ne coexisteroient pas dans notre esprit, sans des signes où elles se réunissent également.

§. 8. La nécessité des signes est encore bien sensible dans les idées