Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’opération qui l’a multipliée, qu’est déterminé ce nombre ; car ces choses se trouvent également dans tous les autres. Mais puisque le signe mille n’appartient qu’à cette collection, c’est lui seul qui la détermine & qui la distingue.

§. 5. Il est donc hors de doute que, quand un homme ne voudroit calculer que pour lui, il seroit autant obligé d’inventer des signes, que s’il vouloit communiquer ses calculs. Mais pourquoi ce qui est vrai en arithmétique ne le seroit-il pas dans les autres sciences ? Pourrions-nous jamais réfléchir sur la métaphysique & sur la morale, si nous n’avions inventé des signes pour fixer nos idées, à mesure que nous avons formé de nouvelles collections ? Les mots ne doivent-ils pas être aux idées de toutes les sciences ce que sont les chifres aux idées de l’arithmétique ? Il est vraisemblable que l’ignorance de cette vérité est une des causes de la confusion qui règne dans les ouvrages de métaphysique & de morale. Pour traiter cette matière