Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE IX.

Des vices & des avantages de l’imagination.

§. 75. Le pouvoir que nous avons de réveiller nos perceptions en l’absence des objets, nous donne celui de réunir & de lier ensemble les idées les plus étrangères. Il n’est rien qui ne puisse prendre, dans notre imagination, une forme nouvelle, par la liberté avec laquelle elle transporte les qualités d’un sujet dans un autre, elle rassemble dans un seul ce qui suffit à la nature pour en embellir plusieurs. Rien ne paroît d’abord plus contraire à la vérité que cette manière dont l’imagination dispose de nos idées. En effet, si nous ne nous rendons pas maîtres de cette opération, elle nous égarera infailliblement ; mais elle sera un des principaux ressorts de nos connoissances,