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qu’il peut s’imaginer les voir toutes ensemble. Ces propositions saisies, il considère celle qui doit être exposée la première. Par ce moyen les idées propres à la mettre dans son jour, se réveillent en lui selon l’ordre de la liaison qui est entr’elles. De-là il passe à la seconde, pour répéter la même opération, & ainsi de suite jusqu’à la conclusion de son raisonnement. Son esprit n’en embrasse donc pas en même temps toutes les parties ; mais, par la liaison qui est entr’elles, il les parcourt avec assez de rapidité pour devancer toujours la parole à peu près comme l’oeil de quelqu’un qui lit haut, devance la prononciation.

Peut-être demandera-t-on comment on peut appercevoir les résultats d’un raisonnement, sans en avoir saisi les différentes parties dans tout leur détail. Je réponds que cela n’arrive que quand nous parlons sur des matières qui nous sont familières, ou qui ne sont pas loin de l’être, par le rapport qu’elles ont à celles que nous connoissons davantage.