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ordinairement si vagues, que si on n’en use avec précaution, ils multiplient les disputes, & les font dégénérer en pures questions de mot. Par conséquent, le seul moyen d’acquérir des connoissances, c’est de remonter à l’origine de nos idées, d’en suivre la génération & de les comparer sous tous les rapports possibles ; ce que j’appelle analyser.

§. 68. On dit communément qu’il faut avoir des principes. On a raison ; mais je me trompe fort, ou la plûpart de ceux qui répétent cette maxime, ne sçavent guère ce qu’ils exigent. Il me paroît même que nous ne comptons pour principes que ceux que nous avons nous-mêmes adoptés, & en conséquence nous accusons les autres d’en manquer, quand ils refusent de les recevoir. Si l’on entend par principes des propositions générales qu’on peut au besoin appliquer à des cas particuliers ; qui est-ce qui n’en a pas ? Mais aussi quel mérite y a-t-il à en avoir ? Ce sont des maximes vagues, dont rien n’apprend à faire de justes applications.