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la route qui conduit aux découvertes. Il est même à craindre qu’elle n’en impose, en donnant de l’apparence aux paradoxes les plus faux ; parce qu’avec des propositions détachées & souvent fort éloignées, il est aisé de prouver tout ce qu’on veut, sans qu’il soit facile d’appercevoir par où un raisonnement pêche. On en peut trouver des exemples en métaphysique. Enfin elle n’abrége pas, comme on se l’imagine communément ; car il n’y a point d’auteurs qui tombent dans des redites plus fréquentes, & dans des détails plus inutiles, que ceux qui s’en servent.

§. 65. Il me semble, par exemple, qu’il suffit de réfléchir sur la manière dont on se fait l’idée d’un tout, & d’une partie, pour voir évidemment que le tout est plus grand que sa partie. Cependant plusieurs géométres modernes, après avoir blâmé Euclide parce qu’il a négligé de démontrer ces sortes de propositions, entreprennent d’y suppléer. En effet, la synthèse est trop scrupuleuse