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que la métaphysique, la synthèse étoit tout-à-fait propre à les entretenir & à les multiplier de plus en plus. Si les idées des mathématiciens sont exactes, c’est qu’elles sont l’ouvrage de l’algèbre & de l’analyse. La méthode que je blâme, peu propre à corriger un principe vague, une notion mal déterminée, laisse subsister tous les vices d’un raisonnement, ou les cache sous les apparences d’un grand ordre, mais qui est aussi superflu qu’il est sec & rebutant. Je renvoye pour s’en convaincre aux ouvrages de métaphysique, de morale & de théologie, où l’on a voulu s’en servir[1].

  1. Descartes, par exemple, a-t-il répandu plus de jour sur ses méditations métaphysiques, quand il a voulu les démontrer selon les règles de cette méthode ? Peut-on trouver de plus mauvaises démonstrations que celles de Spinosa ? Je pourrois encore citer Mallebranche, qui s’est quelquefois servi de la synthèse : Arnaud qui en a fait usage dans un assez mauvais traité sur les idées & ailleurs : l’auteur de l’action de Dieu sur les créatures, & plusieurs autres. On diroit que ces Écri-