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ils étoient arrivés à quelques vérités, leur firent connoître comment ils pouvoient parvenir à d’autres. Ainsi ceux qui firent les premières découvertes ne purent montrer quelle route il falloit prendre pour les suivre, puisqu’eux-mêmes ils ne sçavoient pas encore quelle route ils avoient tenue. Il ne leur resta d’autre moyen pour en montrer la certitude, que de faire voir qu’elles s’accordoient avec les propositions générales que personne ne révoquoit en doute. Cela fit croire que ces propositions étoient la vraie source de nos connoissances. On leur donna, en conséquence, le nom de principe ; & ce fut un préjugé, généralement reçu, & qui l’est encore, qu’on ne doit raisonner que par principes[1]. Ceux qui découvrirent de nouvelles

  1. Je n’entends point ici par principes des observations confirmées par l’expérience. Je prends ce mot dans le sens ordinaire aux philosophes qui appellent principes les propositions générales & abstraites, sur lesquelles ils bâtissent leurs systèmes.