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pas fallu de réflexion pour former les langues ! & de quel secours ces langues ne sont-elles pas à la réflexion ! Mais c’est-là une matière à laquelle je destine plusieurs chapitres.

Il semble qu’on ne sçauroit se servir des signes d’institution, si l’on n’étoit pas déjà capable d’assez de réflexion pour les choisir & pour y attacher des idées : comment donc, m’objectera-t-on peut-être, l’exercice de la réflexion ne s’acquerroit-il que par l’usage de ces signes ?

Je réponds que je satisferai à cette difficulté, lorsque je donnerai l’histoire du langage. Il me suffit ici de faire connoître qu’elle ne m’a pas échappé.

§. 50. Par tout ce qui a été dit, il est constant qu’on ne peut mieux augmenter l’activité de l’imagination, l’étendue de la mémoire, & faciliter l’exercice de la réflexion, qu’en s’occupant des objets qui, exerçant davantage l’attention, lient ensemble un plus grand nombre de signes & d’idées. Tout dépend de-là.