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Introduction

Il faut distinguer deux sortes de métaphysique. L’une, ambitieuse, veut percer tous les mystères ; la nature, l’essence des êtres, les causes les plus cachées, voilà ce qui la flatte & ce qu’elle se promet de découvrir : l’autre, plus retenue, proportionne ses recherches à la foiblesse de l’esprit humain ; &, aussi peu inquiéte de ce qui doit lui échapper, qu’avide de ce qu’elle peut saisir, elle sçait se contenir dans les bornes qui lui sont marquées. La première fait de toute la nature une espèce d’enchantement qui se dissipe comme elle : la seconde, ne cherchant à voir les choses que comme elles sont en effet, est aussi simple que la vérité même. Avec celle-là, les erreurs s’accumulent sans nom-