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exercice. Car, par le secours des signes qu’il peut rappeller à son gré, il réveille, ou du moins il peut réveiller souvent, les idées qui y sont liées. Dans la suite, il acquerera d’autant plus d’empire sur son imagination, qu’il inventera davantage de signes, parce qu’il se procurera un plus grand nombre de moyens pour l’exercer.

Voilà où l’on commence à appercevoir la supériorité de notre ame sur celle des bêtes. Car, d’un côté, il est constant qu’il ne dépend point d’elles d’attacher leurs idées à des signes arbitraires ; &, de l’autre, il paroît certain que cette impuissance ne vient pas uniquement de l’organisation. Leurs corps n’est-il pas aussi propre au langage d’action que le nôtre ? Plusieurs d’entr’elles n’ont-elles pas tout ce qu’il faut pour l’articulation des sons ? Pourquoi donc, si elles étoient capables des mêmes opérations que nous, n’en donneroient-elles pas des preuves ?

Ces détails démontrent comment l’usage des différentes sortes de signes