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L’OUBLIÉ

drez regarder ce pays vert… voir un peu ce qui se passe à la Pointe, vous monterez au grenier.

Elle la fit passer dans sa chambre où un réconfortant déjeuner l’attendait. Élisabeth y fit honneur ; mais deux portraits suspendus au mur attiraient souvent son attention. L’un représentait un homme en robe rouge bordée d’hermine, l’autre, une femme élégante et frêle.

« Mon père et ma mère morts depuis longtemps déjà, » dit Jeanne Mance.

Elle avait pris du vieux linge dans un chiffonnier à nombreux tiroirs, et ses mains délicates, durcies aux rudes travaux, préparaient de la charpie.

Des années auparavant, quand cette prédestinée aux héroïques sacrifices, secrètement attirée vers le Canada, avait quitté sa ville de Nogent pour venir partager les misères et les périls des colons de Montréal, on avait cru qu’elle allait à Paris faire admirer sa beauté. Cette beauté s’était bien altérée ; mais malgré les humbles