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L'OBSCURE SOUFFRANCE

— « Non », mon enfant, me répondit-il sans hésiter.

—  « Et je ne ferai pas mal d’user de mon droit de m’en aller ? » lui dis-je.

—  « Non, mais en quittant votre père, ferez-vous ce qu’il y a de mieux à faire ? Ferez-vous ce que Notre Seigneur attend de vous ? — Voilà le point inquiétant. Vous me semblez être à un pas décisif de votre vie. Pour vous éclairer sur la route à prendre, il me faut vous connaître, il me faut chercher ce que Dieu a mis en votre cœur. »

Puis il m’interrogea sur mes inclinations, sur l’action divine en mon âme, sur ma vie entière. Je répondis clairement, simplement, sans ambages. Et, chose qui m’étonne, pendant cet examen, je me sentis à peine frémir. Cette main sacerdotale, qui soulevait tous les voiles, était si experte, si délicate. D’ailleurs, ce fut vite fait, et après un instant de réflexion, il me dit :

—  « Vous attachez une grande importance à tous les sentiments, à toutes les émotions de la nature et vous croyez que la vie que Dieu vous a faite vous est mauvaise, pernicieuse. Vous