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L'OBSCURE SOUFFRANCE

Je voudrais que son cœur donnât une beauté sans pareille à tout ce qu’il doit aimer, sans en excepter sa femme.

Je voudrais qu’il comprît que la loyauté, la foi jurée, lui défend de me faire ce qu’il ne voudrait pas que je lui fisse. Je voudrais qu’il n’oubliât jamais qu’un homme doit savoir se contraindre dans l’intimité. L’incivilité, produit de plusieurs vices, est un défaut toujours visible. Je voudrais qu’il ne fût pas de ceux qui croient être raisonnables en ne pensant qu’aux choses de la terre. Je voudrais qu’il eût des ailes pour m’emporter dans les cieux… Rien que cela.

Et peu me soucierais de vivre dans une masure réchauffée par un petit feu, de n’avoir que du pain fait d’une farine mal blutée. Je me sentirais plus fière qu’une reine en étant sa servante.

6 août.


L ’existence effacée, la vie morte, me fait horreur. Et sottement, je me berce de rêves d’action, de bienfaisance. Rêves imbéciles ! Utile ? Il faut l’être, non comme on