Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
L'OBSCURE SOUFFRANCE

Restée la dernière, Blandine apparut seule dans l’amphithéâtre. Les païens ne pouvaient s’expliquer que la vie restât dans un corps tant de fois disloqué, broyé, déchiré. De nouveau, on la flagelle cruellement, on l’expose aux bêtes, on l’assied sur la chaise ardente.

La sublime enfant, rayonnante de joie, semblait voir Celui pour qui elle souffrait. Oh ! la splendeur de cette mort.

Un mot du Père Faber me revient. Après bien des reproches à ceux qu’on peut appeler les bons catholiques, il disait : « Et pourtant, la persécution advenant, parmi eux, que de martyrs ! »

Divin Sauveur, est-ce vrai ? Moi, si chétive, si plaignarde, saurais-je pour vous me livrer aux tourments ?


27 juillet.



Hier, je sarclais mon jardinet quand un soyeux froufrou me fit lever la tête. Mlle  R… était devant moi. — Restons ici, me dit-elle, pour causer, nous serons plus à l’aise.

Nous nous assîmes sous le saule, et, après quelques paroles obligeantes, elle me demanda